© Frank Smith, Le Film du dehors
« La nation et ses fictions » ne s’interroge pas qu’à l’intérieur du Centre National d’arts contemporains, mais aussi en ses multiples dehors.
Pendant tout Hors Pistes, vous pourrez prolonger les récits découverts dans le forum -1 en suivant des parcours sonores actualisés chaque jour et placés dans l’espace public. Le collectif MU, en collaboration avec kom.post, vous propose de faire une expérience immersive de ces contenus géolocalisés dans des chemins de traverses avec l’application SoundWays téléchargeable gratuitement
La mémoire du futur se génère aussi au présent : vous retrouverez les archives sonores immédiates du festival Hors Pistes ici, sur www.horspistes13.fr
Hors Pistes 13ème édition – La nation et ses fictions
du 19 janvier au 4 février 2018 – Centre Pompidou
« L’histoire nationale ne m’intéresse pas tant que ça, mais l’émotion de l’appartenance, oui ! Il est inconséquent politiquement d’abandonner cette émotion puissante qui a été compromise par l’histoire et le nationalisme. » – Patrick Boucheron
La manifestation pluridisciplinaire Hors Pistes poursuit son travail d’investigation autour de grands sujets d’actualité et leurs échos dans le champ de l’art contemporain et de la pensée.
Pour chacune des éditions, de nombreux artistes, intellectuels, praticiens divers sont invités à réfléchir, produire des modules participatifs et des installations artistiques qui se déploient au Forum-1 dans un dispositif inédit.
Pour sa 13ème édition, c’est la nation et ses fictions qu’Hors Pistes interroge.
Depuis quelques années, la progression des thèses identitaires d’une part et le renouveau de certains patriotismes d’autre part semblent à la fois remettre sur le devant de la scène la notion de « nation » et la transformer, pour les uns, en nouveau fétiche, pour les autres en repoussoir immédiat.
Plutôt que de céder à la « confiscation » d’un terme et à la répartition binaire des affects, Hors Pistes reste fidèle à sa logique du pas de côté et convoque de multiples voix à redire et refaire entendre autrement ce qui, sous ce terme de nation, se tient et s’inscrit toujours différemment.
« Inscription collective et variable » : ceci est le premier sens du mot « fiction ».
Durant quinze jours, dans le Forum-1, un dispositif original accueille publics, historiens, philosophes, anthropologues, écrivains, cartographes, artistes… autour d’autres manières de « dire » la nation, de dire d’autres nations, d’inventer des para et/ ou des extra nations. Il s’agit ici de l’entendre parler autrement, depuis des paroles qui semblent souvent rejetées du discours national identitaire et qui pourtant savent dire autrement les sentiments d’appartenance, de construction collective, d’histoire partagée et partageable. En commun.
Il s’agit également d’interroger d’autres conceptions de la nation, des first nations aux archipels, de l’utopie postnationale européenne à la réalité syrienne qui fait de la « nation » le lieu d’un conflit du sens et des symboles; il s’agit de se confronter à une pluralité de voix et de mémoires recouvertes pour y trouver des formes communes de cohésion et de création d’un « nous » qui dépasse les frontières nationales.
Ces paroles collectées produisent un autre récit, ouvert et collectif, qui intègre peu à peu le dispositif imaginé au Forum-1. Pendant toute la manifestation, le public est invité à une série de rencontres improbables au sein d’une Ambassade de la Meta-Nation, du Jardin de l’Ambassade, d’une place publique-herboristerie transformable et d’une Univers – Cité où les places de « qui enseigne » et « qui apprend » ne cessent de changer. D’autres manières de vivre et d’agir ensemble s’expérimentent au travers des alliages inédits entre « vie des plantes » et vivacité des pensées ; au travers de différents dispositifs d’écoute mettant à niveau égal le récit d’un jardinier avec le geste d’un artiste ou la réflexion d’un historien. Toutes et tous, à leur manière, racontent ce que c’est que « changer de terre », entrer en symbiose avec un milieu ou en être rejeté, résister, être touché par une Histoire depuis sa propre histoire…
Conversations, lectures, séminaires alternatifs, ateliers, performances, commentaires et réinventions de textes juridiques, disputes, chœur, ciné-club, marché noir… sont autant de formes qui viennent tester, construire et décomposer les fictions collectives qui « nous » font nous rencontrer avec tout le temps que cela nécessite. Quinze jours pensés comme le début d’une autre histoire à écrire pour un peuple en devenir. Peuple trans-national, trouvant son savoir en savourant des durées et ce qui, comme les plantes rudérales qui poussent entre les pavés de nos rues, s’inscrit timidement, imperceptiblement mais pourtant intensément.
Entre images, imageries et imaginaires, entre gestes artistiques et récits collectés de citoyens qui sont tout autant acteurs que spectateurs, cette édition d’Hors Pistes ne cherche pas à écrire la contre histoire d’une nouvelle nation mais à ouvrir la possibilité d’inscrire les multiples narrations de ce qui lui échappe tout en la composant.
« Le réel doit être fictionné pour être pensé ». Jacques Rancière.