Tout autour de « Tout autour. Une œuvre commune », proposition du PEROU
En présence de : Antoine Hennion, Camille Louis, Marielle Macé, Marie-José Mondzain, Sébastien Thiéry.
Considérant à Calais les constructions dressées, les relations tissées, les destins noués, les rêves cultivés. Considérant tout autour, de ville en ville, l’hospitalité ordinaire, la fraternité quotidienne, le soin porté des uns aux autres. Considérant ce qui s’affirme et s’invente sur le chemin de celles et ceux qui parmi nous cherchent refuge. Considérant l’existence, aujourd’hui en France, d’un territoire d’avant-garde, tentaculaire, respirable, habitable. Considérant qu’ici-même « migrants », « aidants », « exilés », « habitants », « réfugiés », « militants », « volontaires », et bien d’autres encore, vivent et construisent ensemble, font société, en dépit de la violence, de l’intimidation, des expulsions et destructions, des placements et déplacements. Considérant l’article L622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile criminalisant les gestes qui constituent ce territoire d’avant-garde.
Alors, nous tentons un autre texte, une plaidoirie fleuve, une attestation sur l’honneur sans fin, une contre procédure judiciaire à même, peut-être, de faire foi et faire loi. Alors, nous recueillons les témoignages de ces actes démultipliés et les transcrivons telle une « main courante » dans un recueil, que nous intitulons « Tout autour. Une oeuvre commune ». Alors nous le publions afin que prolifère cette autre commune de France, ces gestes déployés de proche en proche, ces actes démultipliés à bas bruit. C’est une hypothèse donc, une proposition, que nous discuterons : publier un texte pour en neutraliser un autre, qualifier par l’écriture des actes qu’une loi disqualifie. Afin que prolifère ce à quoi nous tenons, ce qui nous fait tenir : cette « cosmopolitique » qui vient, en contre-feu des fables identitaires qui menacent.